L’histoire de Livana : de « seulement des nuggets »… à l’exploration des saveurs
Pendant près de sept ans, Livana, 9 ans, n’a quasiment mangé qu’un seul plat : un Happy Meal avec des Chicken McNuggets. Ce rituel, répété chaque soir, a fini par devenir la seule façon pour elle de « tenir » un repas.
Le matin, elle se contentait de lait. Le midi, au mieux, un toastie au fromage avec du ketchup. Les fruits et les légumes ? Rien que l’idée lui soulevait le cœur.
Sa maman, Kelly, a tout essayé : proposer, réintroduire, ruser… en vain. Les textures, les odeurs et l’anticipation même de goûter la mettaient en échec : Livana mâchait parfois, puis recrachait dans un mouchoir, incapable d’avaler. La situation était devenue si extrême que la famille achetait parfois le fameux repas la veille de Noël pour le réchauffer le lendemain, jour de fête et… d’anniversaire de Livana.
Cette rigidité alimentaire n’était pas un « caprice », mais les manifestations d’un trouble de l’évitement/restriction de l’ingestion d’aliments. L’alimentation est limitée non pas par la recherche de minceur, mais par des facteurs sensoriels (goût, odeur, texture), des peurs (étouffer, vomir) ou une désintérêt marqué pour la nourriture. Les conséquences peuvent être lourdes : carences, isolement social, anxiété autour des repas, pression familiale permanente.
L’été dernier, un déclic : alors que même les nuggets « passent » difficilement, la famille consulte. Les examens médicaux rassurent sur l’instant, mais l’inquiétude demeure : comment nourrir une enfant qui ne peut plus avaler ce qu’elle tolérait jusque-là ? Kelly et son compagnon se tournent alors vers une approche différente, et rencontrent David Kilmurry, hypnothérapeute.
La séance dure deux heures. Au bout de 45 minutes, un premier miracle ordinaire se produit : Livana avale un grain de raisin. Pour la première fois de sa vie, un fruit franchit l’étape du « je goûte » à « j’avale ». Dans l’élan, elle essaie au total près d’une vingtaine de fruits. Le soir même, elle mange des nouilles avec une sauce wok.
Au fil de deux séances, son répertoire s’élargit : céréales au petit-déjeuner, pizza ou toastie au déjeuner, légumes le soir… Les nuggets de McDonald’s ? Toujours appréciés, mais relégués au rang d’exception hebdomadaire. Surtout, l’angoisse autour du repas se met à décroître ; la curiosité reprend la main.
La famille souffle : non seulement Livana mange davantage d’aliments, mais l’atmosphère à table se transforme.
Cette histoire n’est pas un conte de fées — chaque parcours est singulier, et un accompagnement sérieux suppose un regard médical si nécessaire. Mais elle illustre avec force ce que l’hypnose, bien conduite, peut changer : non pas « forcer » à manger, mais aider à apprivoiser des peurs, moduler les réponses sensorielles et réapprendre à se sentir en sécurité dans l’acte de se nourrir.
Pourquoi l’hypnose est une excellente solution pour travailler son rapport à la nourriture
Qu’il s’agisse d’hyper-sélectivité alimentaire, de comportements émotionnels (grignotages, compulsions, « craquages ») ou d’une relation à la nourriture teintée d’angoisse et de culpabilité, l’hypnose offre un cadre particulièrement adapté. Voici pourquoi.
Elle apaise d’abord le système nerveux
La peur et le dégoût sont des réponses réflexes. En état hypnotique, nous modulons l’alerte interne (hyper-vigilance, nœud à l’estomac, haut-le-cœur anticipé). En travaillant la respiration, l’imagerie et des « ancrages de sécurité », on permet au corps de quitter le mode « danger » pour réapprendre à percevoir les aliments sans la loupe de l’alarme. Un système nerveux apaisé ouvre la porte au changement, là où la volonté seule échoue souvent.
Elle agit sur les représentations sensorielles
Dans les phobies alimentaires, les textures, odeurs ou couleurs prennent une place démesurée. Par des techniques d’exposition imaginale graduée et de recadrage sensoriel (changer la « carte » interne : distance, taille, température imaginée, son « croquant », etc.), l’hypnose aide le cerveau à ré-étiqueter ces stimuli comme « gérables ». On peut, par exemple, travailler en amont la représentation d’un fruit pour qu’il devienne plus neutre, puis curieux, puis agréable — avant même la mise en bouche réelle.
Elle réactive la curiosité et l’autonomie
L’objectif n’est pas de « faire avaler » un aliment, mais de réinstaller la curiosité : sentir, toucher, croquer, avaler — à son rythme. L’hypnose renforce la sensation de contrôle : « je peux interrompre, je peux recommencer, je peux choisir ». Cette ré-appropriation du geste nourrit l’estime de soi et la constance dans le temps.
Elle déprogramme les associations toxiques
Beaucoup de comportements alimentaires sont des solutions apprises à des contextes (stress → sucré ; solitude → grignotage ; fatigue → booster). Par le recadrage et des suggestions post-hypnotiques ciblées, on remplace l’ancien automatisme par une alternative plus écologique (boire, bouger, demander un câlin, respirer, se reposer…). La nourriture retrouve sa juste place.
Elle ré-entraine les signaux internes
La satiété et la faim sont des sensations. Sous hypnose, on renforce l’interoception : écouter la bouche, la gorge, l’estomac. Des protocoles simples réinstallent des repères : l’échelle de faim 0-10, le « stop signal » agréable quand le corps dit « ça suffit ». Manger devient une collaboration, pas un bras de fer.
Elle s’intègre facilement à une approche pluridisciplinaire
L’hypnose ne remplace ni la diététique, ni le suivi médical, ni — pour les enfants — l’accompagnement parental et parfois orthophonique/psychomoteur. Elle accélère souvent ce qui est entrepris ailleurs : moins d’anxiété aux repas, plus de souplesse, davantage d’essais, donc plus d’opportunités de diversifier. Chez l’adulte, elle soutient durablement les changements d’habitudes sans régime punitif.
Elle fonctionne par étapes concrètes
Un accompagnement type peut inclure :
- Stabilisation : ancrages de sécurité, respiration, protection contre le haut-le-cœur anticipé.
- Cartographie sensorielle : identifier les « familles » d’aliments, du plus facile au plus difficile.
- Exposition graduée : imaginale → olfactive → tactile → gustative (micro-bouchées), avec victoire à chaque étape.
- Renforcement : suggestions post-hypnotiques (« une curiosité tranquille m’accompagne », « je sais m’arrêter en paix »), auto-hypnose guidée à la maison.
- Généralisation : du domicile à l’école, au resto, aux repas de famille, pour consolider la liberté nouvelle.
Elle respecte l’écologie familiale
Chez l’enfant, on implique les parents : fixer un cadre doux et clair, éviter les batailles, célébrer chaque micro-progrès, proposer sans pression, ritualiser le « goûter-explorateur ». L’hypnose donne aux adultes des outils concrets pour réduire la tension émotionnelle autour de la table — parce que l’ambiance compte autant que l’aliment.
Elle offre des résultats visibles, sans être spectaculaire
Parfois, comme pour Livana, le changement est rapide. Parfois, il est graduel. Dans les deux cas, le but n’est pas la performance, mais la liberté : élargir le choix, apaiser l’esprit, réconcilier le corps et la nourriture. Et quand un « aliment refuge » reste au menu, ce n’est pas un échec : c’est un marchepied.
Elle favorise le durable
Parce que l’hypnose agit sur les schémas autant que sur les symptômes, les effets tiennent mieux dans le temps : moins de yo-yo, moins d’autosabotage, plus de cohérence avec ses valeurs (santé, plaisir, convivialité).
En pratique : à qui s’adresse cet accompagnement ?
- Enfants et ados présentant hyper-sélectivité, peurs des textures, nausées anticipées, refus d’aliments « mouillés/croquants ». Toujours en lien avec les parents, et en coordination si besoin avec pédiatre et équipes spécialisées.
- Adultes aux prises avec l’alimentation émotionnelle, les envies irrépressibles, les « règles » alimentaires rigides, ou la perte de repères de faim/satiété.
- Personnes avec des troubles alimentaires et suivi par des médecins : l’hypnose est une aide précieuse pour désamorcer la réponse phobique et rendre possibles les étapes de diversification.
Important : en cas de perte de poids rapide, de carences, de symptômes digestifs, de difficultés d’avalement (dysphagie) ou de troubles associés, un avis médical est indispensable. L’hypnose s’inscrit alors dans un parcours sécurisant et coordonné.
L’histoire de Livana montre qu’un repas « normal » ne se décrète pas : il se re-construit. L’hypnose crée les conditions pour que cette reconstruction soit douce, respectueuse et efficace : apaiser l’alarme, rééduquer les sens, réactiver la curiosité, replacer la nourriture à sa juste place — nourrir, relier, faire plaisir. Si vous ou votre enfant vivez une relation compliquée avec les aliments, sachez qu’il existe une voie qui ne passe ni par la contrainte ni par la culpabilité. Elle commence souvent par une simple séance d’exploration… et, parfois, par un raisin avalé en souriant.


