Les déséquilibres hormonaux causés par un taux élevé de cortisol peuvent perturber le désir sexuel, l’excitation et le fonctionnement sexuel. La gène liée aux difficultés sexuelles crée un cercle vicieux de stress qui altère davantage le fonctionnement sexuel. Réguler le stress et donner la priorité au plaisir peut vous aider à retrouver votre capacité à éprouver de la joie et à créer des liens.
Parlons d’un phénomène qui touche (ou plutôt qui n’affecte pas, pour être plus précis) les chambres à coucher du monde entier : les gens ont moins de relations sexuelles. Ce n’est pas seulement une anecdote. De plus en plus d’études montrent que la fréquence des rapports sexuels diminue dans toutes les tranches d’âge, même chez les personnes vivant en couple depuis longtemps. Au-delà des défis posés par notre attachement croissant à nos appareils plutôt qu’aux autres, nos emplois du temps chargés ou les distractions de la vie moderne, le coupable le plus important, le plus néfaste et le plus toxique est le stress.
En tant que sexologue à Montauban et personne ayant consacré une partie de sa vie à comprendre les comportements, je peux vous l’affirmer : le stress tue la libido. Il perturbe notre équilibre hormonal, détourne les circuits du plaisir dans notre cerveau et rend difficile, voire impossible, la connexion avec notre sexualité. Il joue un rôle important dans le sentiment d’insatisfaction sexuelle que ressentent actuellement de nombreuses personnes, voire dans leur désir sexuel tout court.
Comment le stress agit sur notre libido
La réponse du corps au stress : une arme à double tranchant
Lorsque nous sommes confrontés à une menace perçue, qu’il s’agisse d’un lion dans la savane ou d’une boîte mail débordante, notre corps active l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), qui libère des hormones du stress telles que le cortisol et l’adrénaline. À court terme, c’est une bonne chose. Cela nous aide à survivre.
Mais qu’en est-il du stress chronique ? C’est une toute autre histoire. Lorsque la réponse au stress reste activée, le taux de cortisol reste élevé, et c’est là que les problèmes commencent, en particulier dans le domaine de la santé sexuelle.
Cortisol vs hormones sexuelles : un combat inégal
Un taux élevé de cortisol interfère avec la production et le fonctionnement de nos principales hormones sexuelles : la testostérone, l’œstrogène et la progestérone. Chez les hommes, le cortisol entre en concurrence avec la testostérone, ce qui entraîne une baisse de la libido, des difficultés érectiles et une diminution de la production de sperme. Chez les femmes et un taux élevé de cortisol peut perturber le cycle menstruel, diminuer l’excitation, réduire le désir sexuel et contribuer à des rapports sexuels douloureux ou à une sécheresse vaginale.
En substance, lorsque votre corps pense que vous êtes en danger, il met la reproduction et le plaisir en veilleuse.
Le cerveau amoureux (et lubrique) a besoin de sécurité
Le sexe n’est pas seulement une question d’hormones. Il est profondément ancré dans les systèmes émotionnels et de récompense du cerveau. L’un des acteurs les plus importants ici est le système limbique, en particulier l’amygdale, qui traite les signaux de peur et de sécurité, et le noyau accumbens, qui traite le plaisir et la récompense.
Sous l’effet d’un stress chronique, l’amygdale devient hyperactive, ce qui rend le cerveau plus vigilant et réactif. Cet état est contraire aux conditions nécessaires à l’excitation sexuelle. N’oubliez pas : le plaisir nécessite d’être présent. Si vous êtes coincé en mode combat-fuite, votre corps ne va pas donner la priorité à l’excitation.
Le stress perturbe le « circuit du plaisir »
La voie mésolimbique de la dopamine, le circuit du plaisir ou de la récompense du cerveau, est perturbée en cas de stress prolongé. Ce système (également appelé « système de recherche ») comprend la zone tegmentale ventrale et le noyau accumbens, et est responsable de la génération des sentiments de motivation, d’anticipation et de récompense.
Lorsque ce système est dérégulé, nous perdons non seulement tout intérêt pour le sexe, mais aussi pour tout le reste. Cette réponse atténuée à la récompense fait partie des symptômes de la dépression et de l’anhédonie, et il n’est donc pas surprenant que le stress, les dysfonctionnements sexuels et les troubles de l’humeur aillent souvent de pair.
Le cercle vicieux : stress, sexe et honte
Voici le hic : ne pas pouvoir avoir de relations sexuelles (ou en profiter) peut créer davantage de stress. Je le constate tout le temps dans ma pratique en cabinet. Les gens viennent me voir en se sentant brisés ou honteux parce que leur désir s’est éteint ou que le sexe est devenu une source d’anxiété plutôt que de joie.
Et la honte, mes amis, est un facteur de stress énorme.
Lorsque nous intériorisons nos difficultés sexuelles comme des échecs personnels plutôt que comme des réponses physiologiques au stress et aux traumatismes, nous renforçons le stress même qui est à l’origine du problème. Cela devient un cercle vicieux : le stress entraîne des difficultés sexuelles, qui entraînent davantage de stress et de honte, ce qui altère encore plus le fonctionnement sexuel.
Les traumatismes quotidiens et la « mort à petit feu » de la vie moderne
Dans notre société trépidante et stressante, nous sommes confrontés à ce que j’appelle des « traumatismes quotidiens ». Ce ne sont pas toujours les traumatismes majeurs qui font des ravages, mais le stress chronique et modéré lié au fait d’être constamment connecté, surmené et émotionnellement sous-alimenté. Ces petits facteurs de stress s’accumulent, érodent notre capacité à éprouver du plaisir et à créer des liens.
Le sexe, en particulier le sexe en couple, nécessite une harmonie, une confiance et une vulnérabilité qui sont difficiles à atteindre lorsque nous essayons simplement de garder la tête hors de l’eau.
Que pouvons-nous faire ?
La bonne nouvelle, c’est que notre cerveau et notre corps sont plastiques, ils peuvent changer. Nous pouvons retrouver notre capacité à éprouver du plaisir et de l’intimité, mais cela nécessite une intention.
Voici quelques conseils que je recommande :
- Régulez votre stress : des pratiques telles que la pleine conscience, la respiration, le yoga et le contact avec la nature aident à calmer l’axe HPA et à créer les conditions propices à l’excitation sexuelle. Même de courtes séances quotidiennes peuvent faire la différence.
- Renouez avec votre corps : le toucher conscient, les mouvements sensuels et la méditation incarnée peuvent vous aider à ramener votre attention sur votre corps et à réveiller votre désir. Vous n’avez pas besoin de vous précipiter dans le sexe, commencez par ressentir.
- Défiez la honte : parlez-en. Nommez-la. La honte se nourrit du silence. Que ce soit avec un thérapeute, un partenaire ou un ami de confiance, exprimer vos difficultés sexuelles est la première étape vers la guérison.
- Soyez curieux plutôt que critique : lorsque les choses ne fonctionnent pas sur le plan sexuel, abordez le sujet avec curiosité, sans critique. Votre corps essaie de vous dire quelque chose. Que signifierait le fait de l’écouter ?
- Instaurez un sentiment de sécurité : que ce soit par le biais d’une thérapie ou d’un travail sur le système nerveux, il est essentiel de développer un sentiment de sécurité dans votre corps et dans vos relations pour retrouver votre vitalité sexuelle.
Donner la priorité au plaisir n’est pas un luxe
Je voudrais vous laisser sur cette réflexion : il n’y a rien de mal à ce que le stress affecte votre vie sexuelle. Vous n’êtes pas brisé. Vous êtes humain. Dans un monde souvent hostile au repos, à la connexion et au plaisir, revendiquer votre droit au plaisir sexuel est un acte radical d’amour-propre. C’est l’occasion de vous concentrer sur l’amélioration de votre potentiel érotique.
Alors respirez. Soyez curieux. Et n’oubliez pas : votre plaisir est important, non seulement comme un luxe, mais comme un élément essentiel de votre bien-être émotionnel, physique et relationnel.
Sources :
Wise, N. (2020). Why Good Sex Matters: Understanding the Neuroscience of Pleasure for a Smarter, Happier, and More Purpose-Filled Life. Harvest.
Twenge, J. M., Sherman, R. A., & Wells, B. E. (2017). Declines in sexual frequency among American adults, 1989–2014. Archives of Sexual Behavior, 46(8), 2389–2401.
McEwen, B. S. (2007). Physiology and neurobiology of stress and adaptation: central role of the brain. Physiological Reviews, 87(3), 873–904
Article original : resiliencecenterhouston.com/post/how-stress-is-hijacking-our-sex-lives