L’histoire que je partage aujourd’hui est celle d’une femme anonyme, mère de quatre enfants, vivant dans le Sud Ouest. Elle illustre à quel point le désir sexuel ne se résume pas à une affaire d’hormones ou de physiologie, mais s’inscrit dans la réalité émotionnelle et relationnelle d’un couple.
Une libido disparue… ou plutôt étouffée
« Quand j’ai eu mon quatrième enfant à 37 ans, c’était comme si mon corps se bloquait chaque fois que le mot sexe était évoqué », raconte-t-elle. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agissait pas seulement des suites d’un accouchement, de l’allaitement, du manque de sommeil ou des bouleversements hormonaux. Ce blocage a perduré pendant des années.
Comme beaucoup de femmes, elle a cherché des explications médicales : périménopause, effets secondaires des médicaments, anxiété, déséquilibre hormonal… Elle a consulté, pris des traitements, suivi une thérapie, mais rien n’y faisait. Le désir restait absent.
Pendant ce temps, son mari – avec qui elle partageait alors 15 années de vie commune – essayait de relancer leur intimité. Il proposait d’allonger les préliminaires, d’utiliser des jouets, d’expérimenter… mais rien n’y faisait. L’idée même d’un rapport sexuel l’épuisait avant même d’avoir commencé.
La révélation en thérapie
C’est au cours d’une séance que la vérité a éclaté. Sa sexologue lui a demandé simplement :
« Sans invoquer de raison médicale, pourquoi ne voulez-vous pas avoir de relations sexuelles ? »
Sans réfléchir, elle a répondu :
« Parce que je n’aime pas mon mari. »
Un choc, mais aussi une évidence.
Tout à coup, des souvenirs lui sont revenus : son mari qui, après la naissance de leur troisième enfant, se contentait de lui annoncer qu’il n’y avait « plus de sous-vêtements propres » alors qu’elle sortait d’une césarienne. Ses remarques désobligeantes sur la grossesse « facile » du quatrième enfant, qu’il jugeait telle parce qu’il avait eu « moins à faire ». Ses siestes quotidiennes sur le canapé au lieu de partager la charge parentale et domestique.
Peu à peu, elle a compris que le problème n’était pas son corps ni sa libido, mais la relation elle-même.
Quand le couple étouffe le désir
Elle a poursuivi sa thérapie individuelle, puis proposé une thérapie de couple. Refus catégorique de son mari. Quand elle lui a confié que son absence de désir pouvait être liée à leur mariage, sa réponse a été brutale :
« C’est des conneries. Quand tu veux une bite, tu veux une bite. »
Ce fut le point de rupture. Une semaine plus tard, elle demandait le divorce.
Retrouver une sexualité vivante
Divorcée depuis deux ans, elle témoigne aujourd’hui d’une vie sexuelle épanouie. La crainte de souffrir d’un véritable trouble sexuel a vite été dissipée. Dès ses premières expériences post-divorce, elle a retrouvé une libido vibrante et des rapports épanouissants.
« J’ai compris que je m’étais infligé des années d’excuses médicales pour justifier un désintérêt qui n’avait rien à voir avec mes hormones, mais tout à voir avec mon mari », confie-t-elle.
Elle assume désormais sa sexualité, qu’elle vive des aventures légères ou des relations plus sérieuses. Et si son ex la juge en utilisant des insultes, elle s’en moque : elle vit enfin une sexualité qui lui ressemble.
Sexologue, je partage cette histoire pour nous rappeler des évidences
Cette expérience illustre une réalité essentielle en sexologie :
- Une baisse de désir ne provient pas toujours d’un trouble hormonal, d’un traitement ou d’un état de fatigue.
- La qualité de la relation de couple, la répartition des tâches, la communication et le respect mutuel jouent un rôle déterminant dans l’épanouissement sexuel.
- Une « libido en berne » peut parfois être un signal, un symptôme révélateur d’un malaise relationnel plus profond.
Le désir sexuel ne se soigne pas uniquement avec des crèmes, des hormones ou des thérapies ciblées. Parfois, il invite à regarder en face la relation elle-même. Et comme ce témoignage le montre avec force, il arrive que la solution ne soit pas médicale, mais relationnelle.
Parce qu’en matière de sexualité, il ne faut jamais oublier une vérité simple : ce n’est pas toujours le corps qui dit non. Parfois, c’est le cœur.