Parler de sexualité reste encore tabou pour beaucoup. Pourtant, la sexualité fait partie intégrante de notre santé globale. Elle influence notre bien-être psychologique, notre confiance en soi et la qualité de nos relations. Lorsqu’elle devient source de souffrance ou d’incompréhension, consulter un sexologue peut être une démarche essentielle.
Mais dans quels cas est-il réellement utile de franchir le pas ? Et surtout, en quoi le travail du sexologue diffère-t-il d’un simple conseil médical ou psychologique ?
La sexualité : une dimension relationnelle et psychosomatique
Selon les travaux de Sami-Ali et Joëlle Mignot, la sexualité humaine est indissociable de la relation. Elle s’inscrit dès la naissance dans un lien d’attachement, une relation entre le corps, les émotions et l’autre.
Autrement dit, la sexualité n’est jamais “seule” : elle est toujours relationnelle, émotionnelle et corporelle. C’est pourquoi un trouble sexuel n’est pas seulement une “panne” du corps, mais souvent le signe d’un déséquilibre plus global.
Un sexologue prend en compte cette unité psychosomatique — c’est-à-dire la manière dont le psychisme et le corps interagissent — pour aider la personne à comprendre ce que son symptôme dit d’elle, de sa relation, ou de son rapport à l’autre.
Quand consulter un sexologue ?
Les motifs de consultation sont nombreux et variés. Certains concernent directement le corps, d’autres relèvent davantage de la relation ou de la sphère émotionnelle. Voici les situations les plus fréquentes rencontrées en cabinet.
1. Les troubles du désir et du plaisir
La perte de désir ou l’absence de plaisir sont parmi les motifs les plus courants.
Ils peuvent survenir à n’importe quel âge et concerner aussi bien les femmes que les hommes. Ces difficultés ne sont pas nécessairement liées à un dysfonctionnement organique, mais peuvent exprimer une fatigue émotionnelle, une pression de performance, ou une difficulté à se relier à soi-même ou à l’autre.
Le rôle du sexologue est alors d’aider à identifier les causes du blocage, qu’elles soient physiologiques (hormonales, médicamenteuses, post-partum…) ou psychologiques (anxiété, culpabilité, traumatisme, schémas éducatifs, etc.).
2. Les troubles sexuels physiques
Certaines personnes consultent pour des symptômes corporels explicites :
- Chez l’homme : troubles érectiles, éjaculation précoce ou retardée, baisse du désir.
- Chez la femme : vaginisme, douleurs lors des rapports (dyspareunie), anorgasmie.
Ces troubles peuvent avoir une origine médicale, mais souvent, ils s’accompagnent d’une dimension émotionnelle.
Joëlle Mignot souligne que ces situations sont vécues comme de véritables “impasses sexuelles” où le corps “ne répond plus” en cohérence avec le désir. Le patient se sent alors enfermé dans une impasse corporelle, relationnelle et personnelle.
Dans ce cas, le travail du sexologue consiste à restaurer une cohérence entre le corps et le psychisme, en intégrant les dimensions émotionnelles, relationnelles et physiologiques.
3. Les difficultés relationnelles et conjugales
La sexualité est le miroir du lien de couple. Une tension non résolue, un manque de communication ou une routine installée peuvent fragiliser le désir et la complicité.
Comme le rappelle le psychiatre François-Xavier Poudat, la satisfaction conjugale repose sur la capacité du couple à maintenir des échanges positifs, du renforcement mutuel, et à gérer les émotions négatives.
Or, lorsqu’un couple s’enferme dans la critique, la frustration ou la perte d’intimité, la sexualité devient souvent le terrain d’expression de ce malaise. Le sexologue aide alors à :
- rétablir la communication ;
- comprendre les besoins de chacun ;
- reconstruire un espace de confiance et de désir partagé.
4. Après un traumatisme ou une maladie
La sexualité peut être profondément affectée par un traumatisme (abus, violences, accouchement difficile, opération chirurgicale, cancer, etc.).
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) appliquées à la sexologie ont montré leur efficacité pour accompagner ces situations : elles aident la personne à reconstruire un rapport apaisé à son corps, à désamorcer les pensées anxieuses, et à retrouver une sexualité vécue dans la sécurité et la confiance.
Le sexologue agit ici comme un intermédiaire bienveillant entre la dimension médicale, psychologique et corporelle.
Comment se déroule une consultation sexologique ?
Une écoute globale et bienveillante
Contrairement aux idées reçues, une consultation de sexologie ne se résume pas à parler de sexualité “technique”.
Le sexologue écoute le patient dans sa globalité — son histoire personnelle, ses émotions, sa relation, son rapport au corps et au plaisir. Le premier entretien sert à poser la demande réelle, souvent différente de la plainte exprimée : sauver un couple, retrouver confiance, comprendre un blocage…
Un travail sur le sens du symptôme
Le sexologue ne se limite pas à traiter un “trouble” : il cherche à donner du sens à ce que le corps exprime.
Comme le décrit Mignot, la sexualité est un langage à part entière ; un symptôme sexuel peut être la traduction d’un conflit intérieur ou d’un déséquilibre dans la relation à l’autre.
Une approche pluridisciplinaire
Le sexologue travaille souvent en lien avec d’autres professionnels de santé (médecins, psychologues, kinésithérapeutes, gynécologues…). Cette approche intégrative permet de ne pas séparer le corps et l’esprit, mais de les considérer dans une continuité.
Les bienfaits d’un accompagnement sexologique
Consulter un sexologue, c’est avant tout s’offrir un espace pour :
- retrouver une sexualité épanouie, libre de peur et de honte ;
- réapprendre à communiquer dans le couple ;
- reconstruire l’estime de soi ;
- mieux comprendre son corps et ses besoins ;
- réconcilier le plaisir et la tendresse.
Beaucoup de patients décrivent, après quelques séances, un regain de confiance, une meilleure connexion émotionnelle et une perception apaisée de leur sexualité.
Une démarche de soin, pas de jugement
Il est important de rappeler que la sexologie n’est pas un diagnostic médical, mais un accompagnement thérapeutique complémentaire.
Le sexologue n’impose pas de normes : il accompagne chacun dans son parcours singulier vers le mieux-être. Qu’il s’agisse d’un individu, d’un couple ou d’une personne en questionnement, l’objectif reste le même : aider à renouer avec soi-même et avec l’autre.
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Consulter un sexologue, c’est choisir de ne plus subir sa sexualité, mais d’en faire une source d’épanouissement et de lien.
Qu’il s’agisse d’un trouble du désir, d’une difficulté de couple ou d’un traumatisme, la sexologie offre un espace pour comprendre, guérir et réinventer sa manière d’aimer.
Car, comme le rappelle la psychosomatique relationnelle, la sexualité est avant tout une relation vivante — à soi, à son corps, et à l’autre.
